« L’activité de peindre est une manière de reprendre contact avec une activité humaine fondamentale, pariétale ».
J’ai rencontré Antoine un après-midi d’août 2020 à la Villa Noailles. Lorsque j’ai pénétré dans la pièce, l’ancien gymnase de la villa, où il avait installé sa palette sur une planche et des tréteaux, j’ai été scotchée par la lumière. Et aussi par le calme qui se dégageait de lui. Il est né à Paris en 1987, mais vit et travaille entre Bruxelles et Paris. Il a étudié aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier du peintre Philippe Cognée. Après l’obtention de son diplôme (2009), il s’est installé dans un atelier où il a peint non stop pendant quatre ans avant de quitter Paris pour la Belgique en 2015.






Antoine Carbonne est décontracté et cultive une forme de lâcher-prise qu’il intègre à sa technique : peindre, effacer, revenir, dissimuler les coulures, effacer, recommencer : la patience va de pair avec la confiance. Il n’y a jamais d’erreur, juste un chemin sur lequel il s’engage du bout de son pinceau. Et pourtant, rien dans sa démarche ne procède du hasard. Il a toujours aimé les petits personnages des publicités, les mascottes amusantes qu’il s’amuse à dessiner sur ses brouillons et qui l’accompagnent dans son travail, en lui envoyant des clins d’œil !!. Tel ce petit bibendum jaune tracé sur le papier de protection de la table…

Fin mai, le directeur de la Villa Noailles, Jean-Pierre Blanc, l’a invité, en plein confinement, à une résidence de trois mois. Le peintre s’imprègne du lieu, se nourrit de l’esprit des deux mécènes qui ont conçu cette maison comme un écrin dédié à la création, dès 1923, date de sa construction : « Marie-Laure de Noailles avait un goût sûr qu’il fallait honorer ! » dit Antoine. Il a commencé à « honorer » la commande en réalisant les fresques dans le squash, puis dans la piscine et enfin dans le gymnase tout le mois de juin.

“ J’avais entendu parler de la Villa, mais je n’y étais jamais venu. J’ai été très libre dans mon travail, Jean-Pierre m’a dit: Fais comme si Marie-Laure te commandait une œuvre. J’ai pu consulter les scrapbooks de celle-ci et j’y ai vu plusieurs peintures de Gustave Moreau, un peintre que j’aime beaucoup. Marie-Laure de Noailles avait un goût sûr et un humour qu’il fallait honorer. J’ai été heureux de connaître un nouvel environnement de travail où règne un mélange de rigueur et de générosité.”
Antoine Carbone

Il est en train de terminer un grand serpent vert lorsque je lui propose de me guider sur les lieux. Peindre sur le mur semble pour lui une évidence. Son œuvre, intitulée REGULUS, intègre d’ailleurs des références aux hyéroglyphes égyptiens gravés dans la pierre ou à des fresques de la Grèce antique … N’a -t-il pas dit en 2017 à la revue Point Contemporain : « L’activité de peindre est une manière de reprendre contact avec une activité humaine fondamentale, pariétale » ?

Les œuvres de Lascaux survivent, cette œuvre-là, éphémère, n’existe plus aujourd’hui qu’à travers ces images. Mais Antoine Carbonne en conserve le suc : l’expérience de la peinture.

“ Je considère chaque nouveau tableau comme faisant l’objet d’une expérience chimique, comme une réaction de précipitation. Le liquide de ma pensée sur un thème, rencontre une image mentale en relation, l’addition de ces deux liquides prend forme sur la toile. “
Antoine Carbone
Françoise SPIEKERMEIER
Pour visiter l’oeuvre, reportez-vous à la vidéo !
Antoine Carbonne est représenté à Paris par la galerie Virginie Louvet
Antoine-carbonne.com
virginielouvet.com
Antoine Carbonne [PORTRAIT D’ARTISTE]

